Alors voilà après quelques recherches sur le net j'ai trouvé un petit article bien sympatique.
Je donne le lien
http://medieval.mrugala.net/Mariage/Un%20mariage%20au%20MA.htmEt voilà l'article en question
Un mariage au Moyen Age
par Léon Gautier & Jacques Levron
Le soleil s'est levé en plein bleu. Les cloches des petites églises
rurales annoncent la messe. Tout parait calme. Mais à la Ferté-Henri,
on s'agite. La jeune fille est entourée de dames et de servantes qui
sont fort occupées à l'atourner.
Il n'y a pas, à cette époque, de toilette spéciale pour le jour des
noces. La fiancée se revêt seulement de ses plus riches et plus beaux
habits.
Ce qui l'occupe d'abord le plus longuement, ce sont ses cheveux blonds
: elle aimait, jusqu'ici, les porter flottants sur ses épaules, mais
elle ne veut plus désormais les avoir que tressés. Armée de son peigne
d'ivoire, elle sépare donc ses cheveux en deux grosses nattes. Sa
servante lui présente des rubans, des bandelettes de soie, des galons
d'or qu'elle entrelace habilement avec ses cheveux. C'est ce qu'on
appelle des crins galonnés. Et Aélis n'a point besoin d'emprunter de
faux cheveux, comme tant de femmes sont contraintes de le faire. Au
bout d'une demi-heure, les deux nattes sont achevées et tombent sur son
dos, luisantes et lourdes. Par un geste charmant, elle les ramène sur
le devant de ses épaules, se regarde un peu dans le miroir et s'estime
satisfaite.
Elle n'a pas besoin de se teindre ou de se poudrer de safran. Gautier
de Coincy, dit que certaines femmes de son temps étaient « ensafranées
». Aélis n'est pas de celles-là : telle elle est sortie du bain hier au
soir, telle elle est aujourd'hui
Blanche est comme fleur de lis
Mais ceci est de droite nature,
Sur elle n'y a autre teinture.
(Dumars.)
A ceux qui trouvent que la toilette est longue, elle pourrait répondre
que ce jour-ci ne ressemble pas aux jours ordinaires et qu'elle, Aélis,
n'est point comme celle de la chanson
Quand la belle fut levée
Et quand elle fut lavée,
Ja la messe fut chantée...
Certes, jeunes filles et femmes nobles ne s'habillaient pas tous les
jours avec de beaux vêtements d'apparat. Ceux-ci les rendaient en effet
raides comme des statues. Les châtelaines du XIIe siècle savaient fort
bien « s'aisier »
(1)le reste du temps. Mais, pour un jour de noces, c'est bien différent.
Si on ne portait pas le grand costume, quand le porterait-on ?
Aussi, la chambre de la jeune fille est-elle éblouissante de soie et
d'or. Tous les vêtements de luxe y sont étalés sur des perches. C'est
un pèle-mêle fulgurant.
Mais il est temps qu'Aélis choisisse entre tant de richesses. La toilette commence : grande affaire.
La toilette de l'épouse
La chemise, en fine toile de lin, est blanche « comme fleur des prés »
avec une légère teinte de safran qui n'est pas désagréable. Son luxe ne
consiste qu'en petits plis ou « rides » d'un effet charmant. Elle n'est
pas même ornée d'une broderie d'or aux manches et au cou, car Aélis
s'est souvenue du prédicateur qui tonnait, l'an passé, si fort contre
le luxe de l'habillement féminin et prétendait que certaines chemises
coûtaient plus cher que le surplis d'un prêtre !
Sur cette chemise. Aélis revêt cette sorte de robe qui forme l'élément
principal du costume des femmes, comme de celui des hommes : le
pelisson hermin. C'est une très fine fourrure d'hermine enfermée entre
deux étoffes, de façon à n'apparaître qu'aux bords du vêtement, aux
manches et au cou. L'une de ces étoffes, celle qui touche directement
la chemise et que l'on ne voit pas, est de la soie, un cendal de haute
valeur. Il est, pour Aélis, de rouge foncé, presque violet. Un léger
galon d'or pare le bout des manches qui sont serrées au poignet, et le
bas de la jupe, qui s'arrête à la cheville. Une passementerie semblable
agrémente l'encolure que l'on appelait tout bonnement la goule du
pelisson. Le vêtement, assez étroit et ajusté, n'est pas toujours d'un
effet gracieux. Il engonce au point qu'on a dû supprimer la fourrure du
corsage et de la jupe pour ne laisser un peu d'hermine qu'à l'encolure
et aux manches. Le pelisson a tourné à la robe. Il est d'ailleurs
couvert de la tunique de dessus, le bliaut, qui le cache presque tout
entier. Ici, le luxe éclate. C'est le vêtement des grandes fêtes qu'on
ne porte pas plus de vingt fois par an. Cette belle tunique, très
légère, en soie verte brochée d'or, descend presque aussi bas que
l'habit du dessous. Les manches, très larges et fort longues, traînent
jusqu'à terre et l'on voit, par-dessous, les manches ajustées du
pelisson avec leur étoffe violette et leurs galons d'or. Le corsage du
bliaut est collant, avec un petit décolletage carré sous lequel on
aperçoit la goule de la robe fourrée. La jupe, fendue par derrière, est
à tout petits plis. Entre le corsage et la jupe, une pièce d'étoffe
souple et légère, très ajustée, épouse étroitement les hanches et le
ventre. Cette « pièce de milieu » se lace par derrière comme le corsage
lui-même dont elle forme le prolongement et est serrée autant qu'il est
humainement possible! Toute 1'encolure de ce bliaut d'apparat est ornée
de larges galons d'or; les manches, munies du même galon, sont
tailladées et coupées. Mais ce qui frappe surtout, c'est la ceinture,
magnifique, jetée négligemment sur les hanches et qui retombe
par-devant jusqu'au bas du bliaut. Un orfèvre y a enchâssé des topazes,
des agates, des escarboucles et des sardoines
(2).
Pendant le temps qu'elle s'habillait, Aélis s'était contentée d'une chaussure découverte destinée à la chambre, ses
eschapins,
il lui faut maintenant mettre ses souliers de noces, deux petits
souliers très étroits, à bec pointu, en beau cuir de Cordoue brodé
d'or. Sur sa tête, elle ajuste un petit voile circulaire et sur ce
voile (difficile à bien fixer), on lui pose son cercle d'or garni
d'émeraudes et délicatement émaillé, véritable couronne qui le voile
fait délicatement ressortir. Adieu, les simples chapels de roses
qu'elle portait jadis su temps de la Pentecôte et qui coutaient si peu.
C'est fini, la toilette de noce est achevée. Un dernier regard sur le
miroir. Aélis n'est pas mécontente de son chef-d'oeuvre. Elle sait bien
qu'elle ne le portera qu'aux grands jours de fête et qu'il finira,
quand il sera usé, en quelque pauvre moutier où il servira à faire
chasubles et chapels. Elle sait bien que, chaque jour, elle se
contentera d'une bonne cotte de laine ou de drap, d'un bliaut tout
d'une pièce serré aux fiants par une simple cordelette, une guimpe sur
la tête et, aux pieds, des souliers qui ne seront pas brodés. Mais,
pour ce jour solennel, elle se réjouit d'être belle.
La toilette de l'époux
Aidée de ses servantes, de sa mère (qui ne la trouve jamais assez
belle), de son miroir, Aélis n'a guère mis que quatre heures à
s'habiller! Il en a suffi d'une à son mari pour procéder à sa toilette.
Mais, malgré sa nature vive, notre jeune chevalier a aujourd'hui des
trésors de patience. Son costume a pourtant plus d'une affinité avec
celui d Aélis. Comme Aélis, il porte chemise, pelisson, manteau et
chapel. Ses jambes sont couvertes de chausses en soie brune qu'il a
fait venir de Bruges. Sa chemise est de belle toile blanche, solide et
fine. Son « pelisson hermin » est semblable à celui qu'Aélis porte tous
les jours. C'est de la pelleterie enfermée entre deux étoffes, 1'une de
toile, l'autre celle qu'on porte au-dehors, de soie : un beau paile
rouge incarnat, broché d'or, avec des gueules d'hermine à l'encolure et
de larges galons d'orfroi au cou et aux manches. Le bliaut est une
tunique, moins longue que le pelisson et qui n'a pas plus de quatre
pieds de haut. Elle est en soie légère, en cendal bleu foncé. Ses
manches sont serrées au poignet et évasées en haut du bras. Des
orfrois, bien plus larges que ceux du pelisson, décorent non seulement
ces manches, mais le bas de l'encolure qui est munie d'une fente
verticale. Sous le galon, le bliaut est entaillé ou, pour être ici plus
exact, gironné
(3).
Le manteau, qui est demi-circulaire, est doublé de fourrure : car c'est
là le grand luxe et, dût-on suer à larges gouttes, on met partout du
vair et du gris, de l'hermine et de la martre. La soie de ce manteau
est la même que celle du pelisson : même grain, même couleur. Sur le
devant et au bas, à droite et à gauche, éclatent quatre pièces carrées,
très riches, qui sont brodées d'or et sur lesquelles on a jeté des
pierres fines : ce sont les tasseaux. Une agrafe retient élégamment ce
splendide vêtement sur l'épaule droite.
Reste la tète, la jeune
tète bouclée qu'il faut parer. Nore baron entoure son front d'un
chapelet auquel il a voulu donner la même forme qu'à celui d'Aélis, il
l'a fait incruster des mêmes émeraudes, orner des mêmes émaux.
C'est fini : la toilette de noces est achevée. Les deux jeunes gens sont prêts à partir.
La cérémonie
L'église n'est pas loin et les cloches tintent joyeusement. Nos mariés
ont décidé de s'y rendre, selon l'usage, à cheval. Le cortège
s'organise devant le perron. En tête, s'avance un groupe de jongleurs
formant un véritable orchestre : vielles, flûtes et harpes. Les joueurs
sont déjà de belle humeur, car, si 1'Eglise exige des fiancés qu'ils se
marient à jeun, elle n'astreint pas les jongleurs à une telle pénitence.
Aélis, après avoir mûrement réfléchi, a choisi une mule, monture
généralement adoptée par les dames de son temps. Rien n'est plus
charmant que la bête qui l'attend : c'est une belle mule noire au
magnifique harnachement. La sambue (la selle) est ornée d'ivoires
incrustés d'or ; la couverture est en samit écarlate. Sur le frontail
éclate une escarboucle qui brille la nuit et passe pour préserver de
toutes les maladies. Le poitrail est muni de trente grelots d'argent
et, quand la bête se met en marche, toute cette sonnetterie est
agréable à entendre.
Derrière, se tient le mari, bien campé sur son palefroi qui piaffe, sur
sa selle émaillée de fleurettes d'azur, avec ses heuses
(4) de cordouan qui recouvrent et préservent ses soullers brodés d'or. Près d'eux leurs mères, montées sur des mules affeutrées
(5),
le grand-père d'Aélis (elle a perdu son père), puis, deux par deux,
trois par trois, les parents et les amis, revêtus de la magnificence
des mêmes costumes, les femmes en bliaut d'apparat, les tresses blondes
étalées sur leurs manteaux de soie, le cercle d'or au front. Sur une
sorte de char peint à fleurs sont assis les plus vieux invités. Tout le
long du chemin, les vassaux, les paysans, les bourgeois venus de la
ville, regardent passer le cortège.