De retour chez nous ...

Isalyne plongea son regard dans celui d'Appollon...ils étaient chez eux, oui ! Après près de 4 mois de voyage.
Elle lui sourit tendrement.

Oui mon cœur ! Nous sommes arrivés, dans notre maison, chez nous...

Elle effleura la joue non rasée d'Appo et lui souffla un je t'aime de tendresse.

Isalyne pénétra dans la maison. Les murs étaient froids, vivement qu'Appollon prépara un bon feu !
Elle entendit un petit gémissement...Endormie dans les bras de son père, Elia devait rêver. Il partit la déposer dans sa chambre où il activerait un bon feu qui réchaufferait les murs. Ce qu'il fit aussi dans la grande salle. Bientôt le feu crépita, il semblait chanter et les flammes danser. Isalyne s'installa sur le banc et contempla son époux devant la grande cheminée.

...Ils avaient cheminé, parfois sans repos, traversant des contrées amicales ou hostiles et des épisodes pittoresques, hasardeux ou plaisants, laissant derrière eux des mois de voyages aux paysages nuancés et aux coutumes variées...Gardant au fond d'eux les merveilleuses chevauchées, les amicales rencontres, les richesses de l'âme et les souvenirs.
Retrouver la maison aux murs d'ocre prés du fleuve était une joie pour Isa. Elle appréciait beaucoup ses voyages mais elle était toujours heureuse de retrouver la chaleur de sa demeure.
Même Elia serait ravie de retrouver son petit lit et les murs rassurants de sa chambre, parce que ces derniers temps, il ne se passait pas un jour sans qu'elle n'en parla. A trois ans, la fillette possédait déjà un caractère bien trempé et son esprit s'imprégnait de toutes les curiosités enseignées lors de leurs pérégrinations, des ressources et des valeurs que lui inculquaient ses parents.
Isa avait changé...Les chevauchées infinies faisaient d'elle une cavalière émérite. Les déplacements l'avaient rendue plus vaillante, plus intrépide. Son caractère s'était forgé, elle restait toujours téméraire mais avec plus d'audace. La vie l'avait armée, elle se sentait plus forte. Plus forte pour recevoir les peines profondes...comme le mauvais messager qui, aux portes du Languedoc, était venu lui apprendre la mort de sa sœur. A cette pensée, une larme roula sur sa joue qu'elle n'essuya même pas, comme si cette larme faisait partie de sa petite sœur...Elle se demanda si son beau-frère allait pouvoir s'en sortir avec le petit Lewis. Mais elle savait qu'il n'était pas seul à Lyon et qu'il avait beaucoup d'amis pour le soutenir.

Elle leva son visage sur son époux. Elle était lasse, fatiguée par cette longue chevauchée...mais heureuse d'être à ses cotés dans leur demeure.

Isalyne et Appollon étaient de retour chez eux, dans leur maison … Mais un peu comme pour que ce retour ne soit pas trop brutal ils avaient eu besoin d’aller faire une petite promenade jusque Dié, pour prendre un peu l’air. Pour encore profiter de deux autres merveilleuses nuits sous la tente …

Rentré de ce petit week-end il était maintenant temps de se mettre sérieusement au travail, de faire fonctionner les échoppes et les champs à plein régime afin de déjà préparer le prochain voyage.
L’Etat de l’économie n’était pas sans les inquiéter quelque peu. Mais force était de constater que visiblement cela affectait tout le Duché. Aucuns des autres Duchés ou Comtés, et Dieu sait si ils en avaient traversés beaucoup, n’était plongé dans un tel marasme économique.
Mais tout cela n’avait pas d’importance puisqu’ils étaient ensemble … que leur bonheur et leur amour étaient infinis.

Appo regardait le doux visage endormi de son épouse. Fatiguée par ces 4 moins de voyages et de chevauchées (en dehors et sous la tente ^^), il la savait heureuse de retrouver sa maison. Heureuse de retrouver la ville qui avait fait naître leur amour, même si celle-ci semblait se mourir doucement … comme ils l’avaient tout les deux prédits à l’époque ou personne ne voulaient les écouter.
Il caressa doucement la joue de son Isa, lui déposa un doux baiser sur ses lèvres endormies et lui murmura à l’oreille : je t’aime mon amour …

Appo se leva sans bruit et pris la direction de son échoppe. Il avait une commande toute particulière à réaliser …

Hum ... oui en effet, l'habitude de voyager, d'installer leur campement pour qu'ils soient le plus à l'aise, dormir sous leur grande tente aménagée…devenait leur routine. Si bien qu'Appollon continuait de dormir sous la tente dans le jardin de leur maison !!!!!

Isalyne sourit encore en pensant à cet épisode !

Elle étendit son bras ... mais ne trouva personne ! Elle savait bien que cette nuit son époux avait dormi dans ces bras, dans leur lit, dans leur chambre, bref dans leur maison et point sous la tente.
Elle s'étira dans un profond soupir telle une femme comblée par sa nuit auprès de son aimé.
Elle avait encore la saveur de ses lèvres sur les siennes ... le souffle de ses je t'aime sur son oreille. Elle ferma encore les yeux, juste un instant avant de se lever.

Une petite voix la rappela à la réalité. Elia se tenait devant elle et réclamait à manger en la tirant par le bras pour la sortir du lit. Isalyne rit aux éclats. Elle aimait les journées qui commençaient ainsi, dans le rire et la bonne humeur.

Une fois levée, elle se prépara rapidement en enfilant une simple robe, bien que même la simplicité la faisait rayonner, elle habilla sa fille qui insistait en tapant du pied pour mettre sa plus jolie robe et elles descendirent boire du lait avec quelques tranches de pain qui restait de la veille.

Isalyne devait partir au moulin, elle emmènerait Elia avec elle qui adorait jouer prés des sacs de blé et faire des farces à l'apprentis qui aidait Isa.

Il lui tardait déjà la fin de la journée pour le retrouver ... lui, son époux, son amant, son poète, son Appollon.

Le soir tombait et l'humidité avec. Jolie-Brise s'ébroua en arrivant devant la maison, Isalyne sauta à terre et dirigea sa jument jusqu'à l'écurie. Après l'avoir panser avec soin, elle rentra le cœur battant pour retrouver sa fille et son époux. Loin d'eux toute une journée était difficile pour Isa qui n'avait pas l'habitude de se retrouver seule. Ainsi, la vie, qu'elle avait voulue libre, lui avait toujours apporté la chaleur d'un foyer, la chaleur d'exister ... toujours, en faisant ses propres choix.

C'est le visage fatigué d'une dure journée mais rayonnant de retrouver les siens, qu'elle ouvrit la porte. Elle n'eut pas le temps de se débarrasser de sa cape, sa fille s'était jetée dans ses bras d'une telle force qu'Isalyne en fut presque déséquilibrée. Elle rit en la soulevant de terre.

Oh ! ma puce, tu deviens grande et lourde !

Elle la reposa en l'embrassant tandis qu'elle s'écriait à tue-tête :

Maman ! Maman ! Hein qu'avec des vass', on peut boire du lait ? P'Appo, il comprend rien du tout !

Hum ... Isalyne sourcilla et se demanda bien quelle bêtise avait appri Appollon à Elia aujourd'hui ? Elle n'eut pas le temps d'y réfléchir bien longtemps, il venait à elle pour l'embrasser tendrement et chaque fois, son cœur se mettait à battre beaucoup plus fort comme pour la première fois.

Citation :

Bonsoir mon amour, comment s’est passée ta journée ? Tu m’as manqué !

Oh ! Comme tu m'as manqué toi aussi ...comme vous m'avez manqué tous les deux !

Après avoir répondu au baiser d'Appollon avec autant de tendresse, elle prit Elia par la main et s'installa sur un siége, installant sa fille sur ses genoux.

Je vais te raconter une histoire sur le lait.

A cet instant, elle leva son regard sur Appollon en souriant, de ce sourire malicieux qu'elle savait lui adresser.

Il était une fois, une sorcière qui terrorisait la ville ... jusqu'au jour où elle but du lait. Et tout changea !
Sa vilaine verrue se transforma en grain de beauté, ses affreux cheveux embroussaillés en une belle chevelure, son grossier balai en une baguette magique. Elle se mit à transformer les vilains crapauds en princes charmants, les paysannes en de belles princesses, remplissant les chaudrons de bonnes soupes dans les plus pauvres foyers ... Et depuis ce jour, on a plus vu de sorcière dans la cité.

Elia avait écouté la bouche ouverte. Comme toutes les petites filles, elle aimait les histoires de princes et de princesses, de fées ou de sorcières.

Tu vois p'Appo, maman a bien dit qu'il faut boire du lait ! Même les sorcières boivent du lait ... ça les rend z'entilles ... alors ça peut rendre intellz'ent aussi !

Et, d'une petite voix secrète, Elia ajouta doucement :


Maman, p'Appo sait pas que les vass' ça donne du lait !

Isalyne se mit à rire. Elle continua pourtant de jouer le jeu, comprenant parfaitement les réflexions d'Elia. Elle se leva en se dirigeant vers Appollon qui les avait écoutées. Elle glissa sa main sur sa joue et le taquina.

Comment ça ? ... Tu ne savais pas que les vaches donnaient du lait ? ... hum, mon amour, si nous avons des vaches un jour, il faudra boire leur lait ! ... Ça changera du lait de brebis.

A ce moment, ils entendirent sonner la cloche à la porte. Après avoir laissé un baiser sur les lèvres de son terrible époux, Isalyne ouvrit. Elle fut surprise de la visite de son amie et l'accueilla dans un sourire.

Elo ! Je suis contente de te voir ! Entre ! ... Je vais te présenter Elia. Elle est plutôt sauvage mais adore nos amies.

En effet, Elia, regardait intriguée la visiteuse en se plaçant comme toujours derrière son père.

Bonsoir les amies
Elo souriat et puis bisa ces amis.
Elo avait amener un paquet à l'intérieur du paquet il y avait des chacolat du patissier du coin de la rue.
Elo donna le paquet à Isa.
Puis elle regarda la petite fille derriére son papa en souriant.

Appo sentait les petites main d'Elia agrippées à ses jambes. Comme souvent quand ils recevaient de la visite, la fiellette venait se réfugier derrière son p'Appo.
Appo se baissa et la pris dans ses bras pour la rassurer.

N'aie pas peur ma petite chérie. C'est Elo, elle est très gentille ! Tu te souviens ? Tu étais venue avec moi à l'atelier quand je lui ai confectioné son bustier ! Je suis certain que tu le reconnais même si pour le moment il a l'air de lui serrer un peu ...

Appo pris Elia dans ses bras et se dirigeat vers l'entrée.

Bonjour Elo ! Quelle bonne surprise ! Comment vas-tu ?

Appo, Elia dans les bras, pris son épouse par la taille et se colla tout contre elle. Pendant que Elo se dirigeait vers le salon il lui dépose un baiser sur les lèvres et lui murmura à l'oreille : je t'aime
Ils se rendirent tous au salon et Appo assit Elia sur ses genoux.

Alors Elo ? Quoi de neuf ? Quel bon vent t'amène ?
Veux-tu quelque chose à boire ? J'ai à la cave un délicieux vin de noix qu'Isa adore, je pense que tu devrais l'aimer aussi !

Elo souria gêner.

Bien bien et vous deux?
Je ne vais pas rester je dois encore déballer mes valise chez Brad.

Elo avait surtout peur de gêner ces amis elle savait trés bien que aprés une journée de travail de dur labeur on était fatigué.

Hum…des chocolats !

Isalyne sourit en pensant que son amie savait ce qu'elle aimait. Même si les chocolats ne venaient pas de la chocolaterie d'Aliénor à Saint-Aignan, elle savait qu'ils devaient être aussi délicieux et ce geste la toucher beaucoup. Elle prit le paquet avec un regard gourmand.

Appollon les emmenèrent dans la grande salle bien plus confortable où le feu crépitait dans la grande cheminée, laissant sa douce chaleur envahir la pièce. Isa frémit quand les lèvres d'Appo se posèrent sur les siennes et quand il souffla un je t'aime à son oreille, elle ne put que rougir devant Elo qui paraissait génée. Isa la rassura.

Tu es la bienvenue Elo. Ta visite nous fait plaisir.
Alors tu t'installes chez Bradja ! Quelle nouvelle ! C'est bien, tu dois être heureuse !
C'est loin ? ... Je ne sais pas où il loge. Quand tu seras installée, nous viendrons te voir.

Isalyne déballa les chocolats sous les yeux gourmands d'Elia, décidément la petite fille ressemblait bien à sa maman qui lui présenta la boite. L'enfant, qui avait abandonné les genoux de son père parti à la cave, se servit et engloutit le chocolat.

Mmmmm tes chocolats m'ont l'air appétissant Elo…tiens, sert toi !

Isalyne en profita aussi pour savourer la friandise, elle espérait que sa bouche serait moins colorée que celle d'Elia qui commençait à être barbouillée de chocolat. Mais cette douceur était tellement rare qu'il était difficile d'y résister. L'espace d'un instant, ses pensées s'envolèrent vers Saint-Aignan et la chocolaterie, ses amis là-bas qui réclamaient leur retour à grand cri, son amie Enirak. Elle soupira en souriant ... elle se sentait si bien à Montélimar qu'elle voyait revivre.

Puisque Isa avait gentiment envoyé son époux à la cave, Appo était donc ... à la cave !
Il avait laissée la porte au dessus de l'escalier en pierres ouvertes et entendait les voix des deux jeunes femmes mais sans pouvoir comprendre ce qui se disait.

Il cherchait après cette fichue bouteille de vin de noix sur laquelle il n'arrivait pas à mettre la main ... Rhoooo, je suis certain que j'en ai encore une bouteille ! Ou est-elle passée ??? Isa boit en cachette ou quoi ?

Il faisait noir dans la cave et Appo se brûlait le bout des doigts avec la chandelle qui devenait trop petite. Il ne voyait presque plus rien à force et se décida à remonter pour demander à Isa si elle n'avait pas vu la fameuse bouteille. C'est à ce moment que dans la peine ombre il marcha sur quelque chose de cylindrique et vola littérallement les quatres fers en l'air avant de s'écraser sur le sol dans un bruit sourd.
Ajouté au bruit de la chute il entendit un bruit de verre brisé contre le mur du fond de la cave.

Aieeeeeeeeee ... ca fait mal !
Pfffff ... je crois que j'ai trouvé la bouteille !

Elo dégusta un des chocolats.

Oui je suis heureuse de m'installer avec Brad.
Cela me fait tous drôle...
Oh non il n'habite pas loi. C'est à quelque pas de chez vous.

Elo pensa à tous ce qu'elle avait subit avant de connaître Brad...
Puis elle entendu un bruit...

Isalyne sursauta avec Elo ! ... Badaboum !
Un grand fracas résonna depuis la cave. La main à sa gorge, Isa toussa, s'étranglant à moitié avec le chocolat dans la bouche. Les yeux larmoyants par l'étouffement, elle réussit à prononcer quelques mots.

Par Aristote ! Appo !

Son cœur fit un bond dans sa poitrine, elle se précipita et dévala les marches qui la menaient à la cave. Malgré le peu de clarté, elle put distinguer une forme gémissante qui pestait à terre.

Appo ! Oh, mon pauvre amour !

Elle s'agenouilla prés de lui, l'inspectant aveuglement.

Hum...mon cœur, je sens que tout m'a l'air d'aller bien !

Appo sourit à son épouse dont le si joli et si doux visage se dessinait au dessus de lui dans la peine ombre de la cave. Il sentait ses petites mains expertes qu'il aimait tant parcourir chaque partie de son corps ... Mmmmm, je sens que je vais souvent tomber moi .

Oui oui ma chérie, ca va aller ! Ton Appo en a vu d'autres, tu sais bien. Je ne me suis pas fais trop mal, par contre la dernière bouteille de vin de noix est cassée ... pfffff !

Il plongeat son regard dans celui de son épouse et l'embrassa tendrement puis se releva.
Appo serait bien resté dans la cave avec Isa un long, très long moment ... Mais Elo était au salon, et même si Elia s'occupait sans doute très bien de leur visiteuse, il était temps de remonter.

Viiens ma chérie, remontons, ne laissons pas Elo seule trop longtemps, je trouverai bien autre chose à sevir !

Appo pris son Isa par la main, lui vola encore un baiser, et la laissa passer devant lui dans l'escalier ... ce serait dommage de rater un si joli spectacle !

Elo ce leva puis murmura à l'oreille d'Isa:

je vais vous laissez je crois que Apocotte à besoin d'un bon massage après être tomber.

Elo sourit.

Bon je vais vous laissez

N'hésiter pas à passer chez Brad...

Puis Elo pris le chemin de la porte

Isalyne laissa Appollon s'appuyer sur son bras. Après quelques pas, il retrouva un peu plus de vigueur. Elle ne pouvait détacher son regard de ce profil précis et fier qui se détachait de l'ombre, ni enlever sa main nouée à la sienne, pour une vie entière.

Je pense que m'occuper de toi et t'enduire d'onguent te fera le plus grand bien.

Il la laissa passer devant lui pour monter les escaliers de la cave. Hum…elle sentait son regard sur elle.

Après un au revoir à Elo et la promesse d'aller lui rendre visite, un Ap'peau pommadé, Isalyne s'occupa de préparer leurs affaires. Cette fois, ils n'emmèneraient pas grand chose mais juste leur besace et leur monture. Elle déroula les parchemins et relut les dernières nouvelles de leur ami et ses compagnons…Elle frémit mais, elle et Appo, savaient qu'ils devaient braver les dangers pour l'aider. Elle connaissait les menaces et les risques. N'avaient-ils pas traversé les terres périlleuses d'Anjou et du Poitou, parcouru un Périgord impraticable ?
Isalyne frôla la joue endormie de sa fille. Le plus difficile pour elle était de la laisser en compagnie de Loyse, la gouvernante. Elle ne supportait pas de se séparer d'Elia qui cette fois ne pourrait pas les accompagner, cette situation lui rappelait trop de mauvais souvenirs. Par son physique, Loyse était dépourvue de grâce et de charme mais elle offrait un portrait où son esprit et son cœur suffisaient à Isalyne pour lui faire confiance. Loyse descendait d'une vieille famille berrichonne, et Isa aimait le Berry.

Isalyne embrassa la joue de sa fille plongée dans le sommeil, remonta la couverture sur ses épaules et lui souffla quelques mots de tendresse. Loyse rassura la mère, elle prendrait soin de l'enfant. Et puis ils ne partaient pas très longtemps mais le danger, lui, n'avait pas d'espace temps.

Le froid mordant d'un matin de décembre vit sortir Isalyne et Appollon montés sur leur monture. Ils longeaient le chemin de Nocaze, passaient devant le moulin, poursuivaient leur direction pour sortir de la ville. Seuls les sabots de Jolie-Brise, la haquenée d'Isa et le fidèle destrier d'Appo, résonnaient dans le silence.

De timides rayons de soleil tentaient de s'infiltrer entre les volets de la chambre laissant pénétrer une douce et pâle lumière au travers. Isalyne ne dormait plus malgré la fatigue qui l'avait assaillie cette nuit après la naissance des jumeaux de Cossane. Accoudée sur le lit, sa tête dans sa main, son corps appuyé contre celui d'Appollon, elle le regardait dormir. Son regard contemplait l'être aimé. Avec son autre main, elle effleura ce visage qui l'attendrissait tant, le front serein, large et haut, le nez droit, la bouche sensuelle aux plis joliment dessinés, le menton volontaire, la joue rugueuse qui demandait à être rasée.

Isalyne sourit pensivement…Tant de choses bénéfiques leurs étaient arrivés depuis leur retour. Son nouveau statut d'étudiante, l'ouverture de l'Hôpit'Halle, son élevage de vaches, la gouvernante d'Elia, Loyse, qu'elle avait un peu imposé à Appo, les nouvelles de ses amis, ses nouveaux amis qu'elle découvrait chaque jour un peu plus.

Ecartant les bras d'Appo qui tentait, instinctivement, de la retenir, Isa coula hors du lit. La température plus fraîche de la chambre que celle qui régnait sous les courtines du lit, la fit frissonner, mais elle courut pieds nus jusqu'à l'étroite fenêtre à meneaux. … Elle entrouvrit le volet de bois plein, jeta un coup d'œil. Elle espérait voir tomber la neige, il lui tardait de la voir couvrir les champs, les toits des maisons, les rives du Roubion…

Quand Appo vit tourner la poignée de la porte, quand celle-ci s'ouvrit, quand il sentit le froid s'engouffrer dans la pièce, quand il aperçu enfin le corps magnifique, les yeux pétillants et la silhouette si pleine de classe et de charme de son épouse son coeur fit un bond dans sa poitrine. La voilà, enfin ! Elle va bien, merci mon Dieu !

Il la regarda s'avancer vers lui, senti ses mains se poser sur ses cuisses, d'immenses frissons de bonheur le transpercèrent quand elle embrassa son visage. Il posa ses lèvres sur les siennes et l'embrassa longuement, tendrement, incapable de prononcer le moindre mot.

Te voilà mon amour, tu m'as tellement manqué ! Cette semaine chez les moines fut interminable !

Il la regarda droit dans les yeux, ces yeux qui exprimaient si bien tout leur amour, ce regard si doux qu'elle avait toujours su poser sur lui, il lui sourit et l'embrassa encore.

Ton voyage s'est bien passé ma chérie ?
Ne t'inquiète pas, je savais que tu serais prudente, je sais que tu es parfaitement capable de voyager, il n'y a pas de problème avec ca ! Tu sais, même si bien sur j'aurais préféré te retrouver dés ma sortie du monastère, tu as bien fait de faire ce voyage. Je sais à quel point le nouveau Montel compte pour toi et à quel point tu es désireuse de le servir au mieux.

Appo prit les mains d'Isa dans les siennes et les serra contre son coeur. Il ne pouvait détacher son regard d'elle, elle était si belle, encore bien plus belle que tout ce qu'il avait imaginé en pensant à elle chez les moines.
C'était quelque chose qu'Appo connaissait depuis toujours, depuis le premier jour ou il avait rencontré Isalyne, à chaque fois qu'il la revoyait ou s'éveillait à ses côtés le matin, elle était plus belle que la fois précédente. Cette femme était si parfaite, si magnifique, si éblouissante et merveilleuse qu'il était impossible de se rappeller à quel point elle est belle, à chaque fois que ses yeux se posent sur elle ils sont éblouis par tant de beauté et de classe.
Il la prit dans ses bras, la serra contre lui et lui murmura à l'oreille : Je t'aime mon amour ...

Raconte moi mon coeur, ce voyage ? As-tu rencontré des personnes connues à Marseille ?

Appo se retourna en entendant arriver Elia. La fillette était rayonnante et se jetta dans les bras de ses parents.
Appo la regarda et se dit qu'elle ressemblait de plus en plus à sa merveilleuse maman, ce regard magnifique, ces expressions dans le visage et dans les yeux qu'il aimait tant, ces longs cheveux si doux, ...
Il était heureux auprès de ces deux femmes, plus heureux qu'il ne l'avait jamais été !

Viens ma chérie, viens vite près de nous, tu nous as manqué tu sais !

Appo glissa la main dans la poche de son gilet et y pris un petit objet en bois. Il était de forme cylindrique, d'un bois d'une essence très dure et foncée. Il tendit l'objet à Elia.

Tiens ma petite puce, c'est pour toi. Je te l'ai fabriqué chez les moine. Tu vois, c'est un petit sifflet en bois avec trois petits trous sur lesquels tu peux poser les doigts pour faire des sons différents. Ca s'appelle un Appeau !

Appo vit les yeux émerveillé de la fillette qui pris le petit objet et se mit immédiatement à souffler dedans . Il regarda son épouse qui les observait, glissa la tête au creux de son cou et lui murmura à l'oreille : hum ... je m'ennuyais au monastère et je voulais rapporter quelque chose à Elia alors j'ai scié un morceau du pied d'une des chaises de l'église pour lui sculté ce petit jouet, elles sont en bois précieux, bien trop précieux pour juste y déposer les fesses des moines !