Les derniers jours avaient été maussades. Les sols avaient été détrempés par les pluies abondantes. Mais voici quatre jours que le soleil avait refait son apparition. Il avait même réussi à sécher la terre, et commencer à faire mûrir les fruits du verger ... enfin juste un peu. Sheris se rendit donc au verger, panier à la main. Elle y avait de tels souvenirs, qu'elle aimât à s'y rendre seule, et encore plus accompagnée.
Elle avançait pieds nus, sur l'herbe grasse et fraîche. Ce petit tapis de verdure était tellement ressourçant, qu'elle se demanda fugitivement pourquoi elle ne venait pas au verger plus souvent. Elle retrouva l'arbre ou son tendre s'était assoupi et où il avait partagé une cerise.
Elle continua de marcher, pour finalement trouver un petit coin de soleil près d'un pêcher. Les fruits n'étaient pas encore apparus, mais de belles fleurs blanches odorantes avaient éclos, et parfumait l'air d'un parfum d'été... doux et sucré comme un baiser.
Elle sortit de son panier une vieille couverture, qu'elle étendit sur le sol humide et s'allongea, le visage tendu vers les rayons de l'astre chaud.
Elle se mit à réfléchir à tout ce qu’elle avait en pas fait à Montélimar, sa carrière, son futur mariage, sa fille décédée, le choix de la boulangerie. Rien n’échappa à ses pensées. Elle se demanda si sa carrière était finalement la bonne voie. Elle était montée en grade assez rapidement, mais ça l’empêchait d’être présente chez elle. Quant à son mariage, cela était une autre histoire. Elle l’aimait cela était certains, mais comment savoir si de son côté à lui s’était réciproque. Il l’avait tout de même demandé en mariage. Mais cette décision était engageante, il ne fallait pas la prendre à la légère. Plus Sheris y réfléchissait, plus elle doutait. C’était un peu normal. Un engagement, un vrai, surtout pour quelqu’un qui a longtemps vécu seule, est quelque chose d’effrayant.
Puis elle se rappela les mots qu’avait dit un troubadour, il y a bien longtemps alors qu’elle habitait encore en Bourgogne.
« Aimer, c’est la moitié de croire »
Ces mots à l’époque, elle ne les avait pas compris, car elle n’avait pas encore éprouvé l’amour. Mais aujourd’hui, tout était différent.
C’est l’esprit plein de doute qu’elle s’endormit, une larme roulant le long de ses joues.